Voilà dix-huit mois qu’un vendredi sur deux je sors en courant du travail, le sourire aux lèvres, pour sauter dans le 18h58. Dix-huit mois que je ne vis que pour ces quelques heures, du vendredi 20h30 au lundi 7h30 quand il me faut repartir en courant à travers Dijon pour attraper le train qui me ramène à Paris, au travail et à mes cinq jours ouvrés de solitude. Ce soir, pour la dernière fois, j’irais Gare de Lyon, rejoindre ce train devenu au fil du temps comme une dépendance motorisée de mon appartement, le seul lien physique qui me relie à mon amour.
Demain, nous remontrons ses affaires pour partager mon chez moi. Après toute cette attente, c’est presque irréaliste d’écrire cette phrase; de se dire que, demain, la vie commune commence. Je n’arrive pas à réaliser que dans quelques heures je n’aurais plus à attendre quand j’aurais envie de le voir, qu’il n’y aura plus besoin de planifier sans fin les trajets, de se demander dans quel chez moi j’ai laissé mon gilet bleu ou de pester car mon chargeur de portable est à 300 kilomètre de là.
Et pourtant ! Au seuil de cet heureux dénouement, je ne peux m’empêcher d’être troublée. Un rien inquiète. Alors que je ne devrais être que sourire et félicité, un coin de mon cerveau oscille et des idées noires s’infiltrent. Au-delà de l’angoisse, assez naturelle me semble-t-il, que me fait ressentir l’idée de faire tenir son trois pièces dans « notre » ( :)) deux pièces, je m’interroge et l’angoisse pointe le bout de son vilain nez…
Serons-nous capable de transposer notre couple « parenthèse enchantée de week-ends et de vacances » en un quotidien harmonieux, où chacun trouvera sa place. Saurons-nous nous décoller et laisser chacun exister, nous qui avons mis notre vie entre parenthèse pendant 18 mois pour faire exister notre couple à longue distance ?
« 100% des gagnants ont joué » comme dit le slogan. Parce que je sais profondément que si l’on ne joue pas on ne gagne pas et que je suis convaincue qu’il en vaut la peine, moi aussi je vais tenter ma chance, en espérant que nous n’y perdions pas de plumes. Me voilà donc lancée dans une nouvelle aventure, les doigts croisés et la Foi en nous chevillée à l’estomac.
Vous qui avez sauté le pas, ou qui hésitez qu’en pensez vous ?